Le principe du "reste à charge zéro" sur les prothèses dentaires, auditives et les lunettes, proposé par la réforme du 100 % Santé, est plébiscité par les Français et a déjà profité à dix millions d'entre eux. Ce dispositif, entré progressivement en vigueur depuis 2019, semble commencer à signer la fin du renoncement aux soins pour raisons financières.

Le 100% Santé affiche un succès massif / iStock-ljubaphoto
De bons résultats en dentaire et en audiologie, mais des efforts à faire en optique
Lors du point réalisé en janvier, le comité de suivi du 100 % Santé s'est félicité d'un succès qui a dépassé toutes les attentes. Entre janvier et novembre 2021, le taux de prothèses dentaires posées sans reste à charge pour le patient a été de 55 %, et de 20 % avec un reste à charge modéré. Pour les prothèses auditives, le pourcentage des bénéficiaires qui en ont profité gratuitement s'est élevé à 39 %. Par contre, les résultats en lunetterie sont plus mitigés, mais il faut souligner que le reste à charge moyen a toujours été moins important que pour les autres équipements. Les statistiques 2021 des complémentaires santé montrent en effet qu'il est de 40 € pour les lunettes, tandis qu'il monte à 259 € pour la dentisterie et à 986 € pour l'audiologie. Il n'en reste pas moins vrai que les opticiens ne semblent pas tous prêts à jouer le jeu, si l'on considère que le dispositif de reste à charge zéro ne représente que 17 % de leurs ventes. Présenter un devis ou une offre 100 % Santé est en théorie obligatoire, mais certaines enseignes ont décidé de déroger à cette règle. Les sanctions pour défaut d'information risquent donc de monter en charge, suite aux quelque 700 contrôles réalisés par la DGCCRF (répression des fraudes) depuis fin 2020 auprès de commerces d'optique et l'audiologie, qui ont déjà permis de procéder à des procès-verbaux pour les infractions les plus graves. D'ici l'été 2022, l'Assurance maladie envisage des sanctions qui pourront atteindre 4 % du chiffre d'affaires de l'enseigne.
Un dispositif qui s'inscrit dans une politique de prévention
Dans le cadre d'une réforme de pouvoir d'achat, d'accès aux soins et de prévention, le dispositif a tenu ses promesses et ses objectifs. Mais la conséquence de ce succès est une augmentation massive des dépenses. Les financeurs publics et privés devront en effet assumer une prise en charge de plus d'un milliard d'euros dès 2022, alors que ce montant n'était prévu que pour 2023. C'est l'assurance maladie qui assume la charge financière la plus importante, puisque sa part approche le milliard d'euros (avec environ 700 millions pour le dentaire et 200 millions pour l'audioprothèse). En haut lieu, ces dépassements semblent assumés, ce pour deux raisons. D'une part, le ministère de la Santé y voit l'effet d'un rattrapage de soins (la progression devrait donc ralentir), et d'autre part, ces dépenses participent à la politique de prévention revendiquée par l'État. Lorsqu'on sait notamment que le déficit auditif risque d'engendrer une perte d'autonomie, une désocialisation et une dégradation de l'état de santé, on peut aisément en conclure que l'audioprothèse est un outil précieux en termes de prévention de la dépendance.
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